Contre
Déjà, enfant
J’étais contre l’école.
Et maintenant
Je suis contre le travail.
Moi, d’abord, la santé
La droiture me répugnent.
Rien de tel que la santé, être droit
Pour rendre l’homme insensible.
Bien sûr, l’« âme japonaise », je suis contre.
Devoir, charité : je vomis.
Tous les gouvernements, je suis contre.
Les hommes de lettres, les artistes, je leur montre le cul.
Si on me demande pourquoi je suis né,
Je réponds sans hésiter : pour être contre.
Quand je suis à l’est,
Je veux aller à l’ouest,
Mon kimono est sens dessus dessous, ma chaussure droite à gauche,
Mes pantalons devant derrière, et je monte à cheval à l’envers.
Ce qui dégoûte les gens, voilà ce que je préfère.
Ce que surtout je hais : les cœurs à l’unisson.
Ce que je crois : être contre, c’est dans la vie
La seule chose magnifique.
Être contre, c’est vivre.
Etre contre, c’est se trouver soi-même.
Anthologie de la poésie japonaise contemporaine. Gallimard.
Traduction d’Yves-Marie Allioux