« Pour nous qui vivons à l’abri de nos maisons, ou qui, tout simplement, sommes pourvus de bons imperméables, le temps qu’il fait n’a plus guère d’importance; mais combien ces vers prennent vie et force si nous songeons qu’ils furent chantés par des hommes pour qui les conditions atmosphériques déterminaient dans une très large mesure chaque acte, chaque plaisir de l’existence. C’est ainsi que la mention du temps qu’il fait, à l’orée de chaque chanson, devient chose naturelle : elle reflète une situation bien réelle. La volupté suprême, quand on marche avec un paquetage sur le dos, c’est le moment où on le pose à terre, ou bien celui où l’on se laisse aller contre lui comme sur un oreiller. Mais c’est là un luxe qui ne vaut que par beau temps. On sent dans la pluie une malveillance toute personnelle quand on est fatigué au-delà d’un certain point, ou trempé jusqu aux os. »
Ezra Pound. Sur les pas des troubadours en pays d’oc. Anatolia. Editions du Rocher.